affrontement à sens unique. TAKEN /!\\ Pour public averti

Et ils avaient beau en rire, ses lèvres ne s'étirèrent pas. Lui, la cible. La Gates School devait être son Eldorado, son petit coin de paradis. Pourtant, il se retrouvait coincé dans les toilettes par quatre gros bras, exactement comme au collège. Leur ricanement et leurs moqueries ne l'atteignaient plus depuis longtemps. Il les regardait d'un air neutre, les bras le long du corps, une main protectrice sur la sacoche renfermant son ordinateur. La seule et unique chose qu'il craignait c'était qu'ils s'en prennent à son précieux appareil. En sortant de classe, il n'avait pas pris la peine de retirer ses lunettes qui trônaient toujours sur son nez.

« Hé, le binoclard ! T'as déjà couché avec une fille ? »

Et leur fou rire de hyène reprit. Décidément, seuls les geeks devaient avoir un cerveau sur cette terre. Les autres étaient tous des copies conformes mimant le comportement dit 'normal' de leurs congénères dégénérés. Depuis leur arrivée, on avait bien du lui sortir tous les clichés concernant les nerds. La vérité -il en était sûr- c'est que ces gens étaient simplement frustrés de rien comprendre aux conversations de geeks. Et Caïn devait bien avouer en avoir profiter des centaines de fois.

« Tu rigoles ! Il est sûrement encore puceau ! T'as vu sa dégaine ?! »

La main qu'on lui balança sur l'épaule le fit reculer. Son dos percuta le mur carrelé des sanitaires. La cloche profita de cette instant pour sonner. Ils lancèrent une nouvelle blague vaseuse et s'en allèrent. Leur rire résonna dans le couloir longtemps après qu'ils soient sortis. D'un geste simple, Caïn rehaussa ses lunettes qui avait glissé et s'engagea dans le couloir à son tour. La prochaine heure devait être un cours magistral. Et comme tous les cours magistraux, il était facultatif. Pour cette raison mais également parce que leur professeur en savait moins que ses élèves, le geek décida de sécher. Arriver devant les casiers, il ouvrit le sien. Derrière la porte, des petites vignettes de WoW avaient été placardé à coté des autocollants de différent modèle de PC.

Être sérieuse ou ne pas l’être, là est la question. Ou pas. Pourquoi devrait-elle se casser les pieds à aller en cours alors que cette manière était nulle et optionnelle et surtout que ce succulent yaourt à la fraise que la vendeuse ambulante était entrain de lui proposer l’appelait terriblement ? Au diable les formules d’algèbre et bonjour le plaisir solitaire aux saveurs fruitées. Ce n’était pas parce qu’elle séchait une fois de temps en temps que cela faisait d’elle une cancre. Non, ca prouvait juste qu’elle était belle et bien un être humain et pas une machine qui pourrait rester des heures et des heures sur une chaise sans bouger. Oh et puis zut. Ne parlons pas des études, c’est trop déprimant hein. Pour le moment, la jeune fille avançait seule dans les couloirs, ayant lâché ses amis pour être un peu tranquille, ce qui dans un sens était tout de même très dangereux. Non mais imaginez un instant qu’elle tombe sur un Geek fou qui tente de l’assassiner en la battant à coups d’ordinateur ? Comment ca ce n’est pas possible ? Bon, c’est vrai que ca serait un peu violent mais… Ah, d’accord ce n’est pas possible parce qu’à cause du sang, ca pourrait tâcher son précieux écran et qu’il ne le supporterait probablement pas. Mais arrêtons un instant cette passionnante discussion pour nous reconcentrer un petit peu sur cette si jolie blondinette qui vu le regard qu’elle avait désormais était passée en mode « prédateur ». En effet, de dos un peu plus loin un certain jeune homme était visiblement occupé à son casier. Et il était temps pour elle d’aller lui faire un petit « coucou ». Approchant silencieusement de lui, tel un félin ayant repéré sa proie, elle se pencha sur le coté pour pouvoir regarder les autocollants, avant de sourire alors qu’elle approchait sa voix de son oreille en lui chuchotant quelques mots d’une voix à la fois si suave et si douce pourtant.

Elle - «  Wonderfull and Original Woman? J’ignorais que tu gardais une empreinte de moi jusqu’à ton casier Ca-ïn. »

Elle avait volontairement détaché son prénom alors qu’elle se mettait à s’appuyer sur le casier à coté de lui en jouant négligemment avec la cuillère de son yoghourt du bout des doigts, un petit sourire mutin au bout des lèvres avant qu’elle ne soupire et bouge légèrement la tête sur le coté.

Elle - «  Je plai-sante. Je sais parfaitement ce que c’est que WoW. Ce n’est pas parce qu’on ne s’adonne pas quelque chose qu’on ne peut pas le connaitre. Même si c’est vrai que c’est avec l’expérience et la pratique que l’on devient meilleur, n’est-ce pas Caïn? »

Sous-entendus dans ces propos? Non, vous croyez? C’était toujours comme cela entre les deux jeunes gens, une sorte de tension pour le moins enivrante et délicieuse les prenait dès qu’ils se voyaient. Certes, Elle était en permanence sur ses gardes avec lui - comme avec tous les autres d’ailleurs - mais elle devait vraiment dire qu’elle appréciait ces moments privilégiés qu’ils vivaient. Même s’il restait… un geek. Et que pour le moment, ca avait encore beaucoup de mal à passer. Elle le regardait avec un air intense et un regard brûlant comme si elle essayait de graver chacun de ses traits dans son esprit alors qu’elle se rapprochait lentement de lui. Se mettant sur la point des pieds, elle s’éleva légèrement pour repousser du bout des doigts ses lunettes sur le haut de son nez qui avaient glissée, prenant bien soin de caresser légèrement sa peau à cet endroit en même temps.

Elle - «  Mignon. »

Elle ne le quittait pas une seule seconde du regard, la voix toujours basse. Le couloir était désert et c’était pourquoi, ils pouvaient s’abandonner à ce genre de choses. Elle avait toujours ce sourire pour le moins malicieux, presque coquin aux coins des lèvres alors qu’elle ne bougeait plus.
Et dire que pendant qu’ils étaient là, il y avait des gens qui suivaient des cours dans le même bâtiment. Tsss, ils ne savaient vraiment pas choisir leurs priorités ceux-là!

Un pressentiment venait de lui couper le souffle. Rien de mauvais. Pas exclusivement bon. Indéniablement, diablement enivrant. Il avait suspendu son geste. Proie à l'affut d'un signe suspect. A son approche, l'effluve de sa peau le transporta. Les mots murmurés à son oreille résonnèrent dans sa poitrine. Son unité centrale surchauffait déjà. Et sa seconde intervention n'arrangea rien. Les sous-entendues étaient aussi claires qu'alléchants. Quand son index glissa sur l'arrête de son nez, il lui était devenu impossible de réfléchir. Pour sûr, à la première remarque, il paraîtrait stupide.

« C-C'est bon pour la peau, tu sais ? »

Et voilà. Il buttait déjà pour le premier mot et se raclait la gorge pour le second. Il s'en mordait les doigts et s'excusa par un sourire niais. Quand il s'aperçut qu'il avait toujours une main suspendue dans son casier, il s'empressa de balancer toutes ses affaires à l'intérieur et de le refermer. Elle avait déjà tout vu mais qu'importe. Son casier était scellé.

« Tu ne devrais pas être en cours de math ? »

Trahis par sa propre personne. Comment allait-il expliquer qu'il connaissait son emploi-du-temps sur le bout des doigts ? Quand il lui avouerait qu'il s'en était procuré un exemplaire pour l'apprendre par cœur, elle prendrait sûrement pour un fou et fuira. L'idée même le terrifiait. Envie, pulsion, peut importe comment vous appeler le fait de se jeter sur une personne pour l'embrasser cela ne l'empêcha pas de le faire. Un baiser la retiendra t-elle ? Si cela avait été son premier, non. Mais Elle pouvait être fière de son élève.

« Peu importe... »

Dans un sens, on pouvait dire que les cours que la jeune femme donnait au garçon était bien plus intéressants que ceux qu’ils avaient en temps normal dans cette université. Et pour cause, ils y prenaient tous les deux du plaisir. Un REEL plaisir. Rien de comparable à ses longues heures à rester assis à regarder un vieux croûton vous parler sans même que vous ne lui prêtiez la moindre intention. Et oui, c’était ca la faculté. C’était un gigantesque bâtiment rempli de touristes en tout genre… et de geeks ici, pardon. Mais bon elle se fichait un peu d’eux, sauf de quelques uns. Enfin, d’un en particulier. Son cher petit Caïn. A l’entente de sa première phrase, elle eut un petit rire doux et amusé. Elle le trouvait vraiment trop… chou. IL était un peu à coté de la plaque, un peu gauche mais terriblement craquante. C’était le premier garçon qu’elle rencontrait avec cette personnalité. Ce coté aussi innocent alors qu’il était pourtant déjà un adulte depuis pas mal de temps. Et elle devait admettre qu’elle aimait cela. Elle aimait jouer au jeu du chat et de la souris avec lui. Comme une droguée ayant besoin de sa dose, inconsciemment, elle recherchait ce petit intermède entre eux deux, bien loin des regards un tantinet trop curieux. Comme maintenant en somme. Faisant tourner sa cuillère entre ses doigts, elle la plongea dans le yaourt avant de la porter lentement à ses lèvres sans pour autant quitter une seule seconde des yeux Caïn. Elle consentit à le faire quand elle prit la nourriture en bouche, fermant les yeux et émettant un petit soupir de plaisir face à cela, très évocateur.

Elle - « Je ne sais pas, je n’ai jamais essayé… Tu me montrerais, dis Ca-ïn? »

Elle rouvrit ses yeux pour les plonger dans les siens avec un petit sourire suggestif au coin des lèvres. Faire monter la tension jusqu’au point de non-retour. La chaleur aussi grimpait aussi de plus en plus et elle se délectait de voir le jeune perdre tous ses moyens face à elle. C’était une sensation des plus délicieuses, des plus appréciables. D’ailleurs quand il lui demanda si elle n’avait pas mathématiques, elle mima de sa main libre une auréole au-dessus de sa tête avant de poser son index sur sa bouche en lui faisant le signe du secret. Cependant, elle se demandait comment il pouvait savoir cela mais elle n’eut pas le temps d’y penser trop qu’il captura impétueusement ses lèvres. Ah, de l’audace. De l’action spontanée. On pouvait dire qu’il avait progressé depuis leurs premières rencontres et elle sourit contre ses lèvres alors qu’elle lui mordillait de manière taquine et un peu provocatrice la lèvre inférieure. Quand ils mirent fin au baiser, elle l’écouta parler alors qu’il affirmait que ca n’était pas si important finalement qu’elle ne soit pas en cours. Cela fit naitre un sourire plus que mystérieux sur ses lèvres alors qu’elle laissa l’arrête de son nez remonter le long de la gorge du jeune homme jusqu’à l’oreille du garçon dans un mouvement bien lent pour qu‘il le sente.

Elle - «  Est-ce que Monsieur serait entrain d’essayer de me corrompre pour que je ne me rende pas en cours ou serait-ce juste mon imagination? C’est mal, Caïn. Très mal. »

Elle mordilla légèrement la peau se trouvant juste en dessous de son oreille avant d’y déposer un lent mais langoureux baiser. Elle aimait à le torturer ainsi. Elle savait qu’elle lui faisait de l’effet. Mais il aurait était faux de dire que l’inverse n’était pas également vrai. Seulement, elle savait beaucoup mieux se contenir que lui et c’était pourquoi, elle était en quelque sorte la dominatrice dans ces échanges. Comment en étaient-ils venus à se livrer à ce genre de petits jeux? Allez savoir. Ce n’était pas ce qui comptait au final. Discrètement, elle se rapprocha de lui, collant son corps fin contre le sien, ses courbes douces et rondes épousant celles du jeune homme. Tout dans la finesse, rien dans le vulgaire, telle était la devise d’Elle. Elle n’était pas une de ces filles qui se seraient jetées depuis longtemps sur le jeune homme comme une dévergondée. Non elle, elle le charmait, elle le frustrait, faisait monter le désir en lui. Elle s’immisçait dans son esprit, dans ses veines et faisait bouillir son sang comme le plus cruel des poisons. Et de son coté, elle s’enivrait de la douceur de sa peau, de sa candeur si rafraichissante ou même du bleu si limpide de ses yeux… Un bon échange de procédés en somme…

A la façon dont elle prononçait son nom, la manière dont sa langue glissait sur son palais, il frissonnait. C'était comme si son corps entrait en résonance, réagissait doublement à ses assauts. Et il la regardait. Il ne pouvait pas s'en empêcher. Même un battement de cil, qui pourtant ne la coupait de son regard qu'une fraction de seconde, le frustrait. A s'écouter, il aurait laisser s'égarer ses bras autour de sa taille pour la rapprocher. Son soupir provoqua le sien. La situation allait dégénérer et le pire dans tout ça, c'était qu'il avait hâte. L'empressement qui pulsait dans son cou était à la hauteur de ses maladresses. Il n'osait plus esquisser le moindre mouvement, persuadé que celui-ci anéantirait tous les efforts de Elle. Pourtant, les envies ne manquaient pas. Il aurait volontiers laisser aller sa bouche contre sa bouche, ses lèvres contre sa peau, ses baisers contre sa chair même si pour cela il devait en perdre la raison.

« Elle... »

Le reste se perdit dans la brume. Inutile qu'il lui dise. Encore. Elle le savait. Elle savait que ses attouchements le faisaient bouillir et qu'il n'y résistait jamais longtemps. A chaque fois qu'il succombait, elle le rabrouait gentiment. Souplement, elle s'emprisonna dans ses bras. S'il reculait -non que ce choix lui ait traversé la tête- il aurait percuter les casiers. Au lieu de ça, il souleva son bras à hauteur de son visage, posa une main sur sa joue et descendit dans son cou, le contourna et s'arrêta dans sa nuque.

« O-on va quand même pas le faire ici ? »

La réalité avait refait surface et avec elle, la peur d'être surpris. Cain aurait eu de quoi se vanter auprès des ses amis pourtant, il avait tu cette relation. Pour quoi ? Non, pour qui. Elle. Sûrement qu'elle ne voulait pas crier sous tous les toits qu'elle le... fréquentait.

« Si ? »

Ses lunettes glissèrent encore. Si dans deux minutes la situation ne se débloquait pas, il risquait tout bonnement de fondre sur elle. Ces excès de brutalité, d'animalité n'avaient pour cause qu'un nom: Elle. Elle. Elle. Elle.

Jouer avec Cain était une des petites choses qui faisaient aisément sourire notre chère blondinette. Un peu comme une drogue dont elle avait besoin chaque jour de prendre sa dose. Elle aimait voir la frustration et le désir mener un duel sans merci dans ses prunelles, son regard s’assombrissant. Elle aimait sentir les frissons sur sa peau à chaque petit effleurement qu’elle lui faisait. Elle aimait sentir la tension monter, comme une chaleur qui se serait soudainement levée autour d’eux. Beaucoup de gens pensaient que les geeks ne savaient pas ce qu’étaient les plaisirs de la chair. Si cela était vrai, visiblement le brun était l’exception qui confirmait la règle. Enfin, il l’était parce qu’Elle l’avait décidé ainsi et que comme toujours quand elle voulait quelque chose, elle l’avait. Pourquoi lui plutôt qu’un autre ? Très bonne question. Elle ne saurait vous le dire. Ou plutôt, elle ne voulait pas y penser. C’est que parfois la vérité peut être gênante à connaitre, hein. Son soupir provoqua un sourire satisfait sur les lèvres rouges de la jeune femme qui se délectait de ce spectacle. Voir Cain tentait de résister était une chose vraiment divertissante, bien plus intéressante que n’importe quel programme télévisé. Sentir l’énergie qui mettait à ne pas se laisser aller à ses petites provocations l’amusait et la poussait à aller toujours plus loin. Limites ? Elle ne connaissait pas. Il n’y en avait pas dans leur relation. Quant aux règles du jeu, c’était elle qui les dictait et elle était libre de les changer quand bon lui semblait. Pour le moment, ils s’adonnaient plutôt à une partie où le « Résiste-moi, je continue. Soumets-toi et je te laisse là » était de mise, quoi que cela pouvait bien changer d’un moment à l’autre en fonction de diverses variables comme les fameux excès d’une certaine et sauvage bestialité chez Cain qu’on ne lui devinerait pas au premier regard et qui n’était pas pour déplaire à la jeune femme. Mais quoi qu’ils puissent se passer entre eux, c’était toujours elle la reine et lui le valet. Et ils le savaient tous les deux.

Elle - « Et pourquoi pas ? »

Faire monter la chaleur, encore et toujours. Bien sûr, elle ne s’adonnerait pas à ce genre de choses en public non seulement parce qu’elle n’était pas une exhibitionniste mais également parce qu’elle n’était psychologiquement pas encore prête à s’afficher avec lui. Après tout, elle restait une beauty et lui un geek. Elle était populaire et adulée, il était la source de moqueries et de railleries en tout genre. C’était beaucoup trop tôt pour elle, pour eux. Elle le laissa poser après quelques détours sa main sur sa nuque alors qu’elle glissait presque sournoisement l’une des siennes sous son haut, s’amusant à retracer les courbes du jeune homme du bout des doigts alors qu’elle lui offrait un sourire mutin. Elle caressait son corps, encore et toujours, pressant subtilement son bassin contre le sien, avec un petit air presque diabolique mais qui aurait probablement pu être à l’image même que la luxure aurait pu avoir si elle avait été humaine. Approchant son visage du sien, elle lui murmura les mots suivants alors que ses lèvres frôlaient les siennes sans vraiment les toucher.

Elle - « Mais si tu ne le veux pas… Tant pis Cain. »

Sans le prévenir, elle retira sa main et se retira loin de lui en reculant de quelques pas avec un sourire pour le moins mystérieux sur ses lèvres alors qu’elle tournait les talons pour commencer à repartir comme si rien de tout cela ne venait de se passer. Ô oui, jouer avec ses nerfs étaient une chose plus que délicieuse, surtout qu’elle savait l’effet qu’elle lui faisait. Et elle devait admettre que dans un sens, ca lui faisait plaisir de voir qu’elle n’attirait pas que des pervers qui pensaient au nombre plus que conséquent de jeunes filles qu’ils pourraient faire passer dans leur lit. Cain était différent. Voilà pourquoi, elle le traitait d’une manière quelque peu privilégiée, ne l’ayant pas jeté au loin après l’avoir eu la première fois. Amour ? Ne soyez pas ridicule. L’amour n’existe pas et Elle est la première à le penser. Et c’est pas à vint et un an qu’on va si facilement que ca réussir à la faire changer d’avis, hein…

Son habilité à jouer avec ses nerfs était tout bonnement stupéfiante. De la même manière, il était surprenant de voir à quel point elle faisait ressortir un coté malsain. Blottie contre lui, il chavirait. La chaleur remonta colorer ses joues et le fit presque suffoquer. L'air ne devint pas plus important que les contacts de ce corps contre le sien. Tout son être n'aspirait plus qu'à une chose: l'enfermer. Scellée dans une malle, à l'abri des autres, disponible pour lui. L'image l'effrayait. Comment pouvait-on désirer quelqu'un au point de vouloir être le seul à la voir, la toucher, la sentir ? Elle aurait aussi bien pu être le fruit de son imagination, il n'en aurait été que plus heureux. Mais nul ne pouvait nier son existence quand elle battait ainsi des cils et souriait si lascivement. Alors oui, il était coupable. Coupable de ne rien pouvoir lui refuser. Égoïste de ne pas vouloir mettre un terme à ce petit jeu dont Elle était le maître. Sur l'échiquier de leur relation, Cain n'était qu'un pion noir à coté d'une reine blanche. Prisonnier de sa cage dorée, la liberté ne l'inspirait plus. Et si pour y rester il devait supporter ces tourments, il les supporterait.
Ses doigts se refermèrent sur son fin poignet et d'un geste il la contraignit à faire demie-tour. La sacoche si précieuse à ses yeux jadis, glissa sur son épaule et s'écrasa au sol. A présent, il la maintenait par la taille, tout contre lui. Ses lèvres s'étirèrent curieusement. L'instant d'un soupir, dans ses yeux disparurent craintes et doutes et se grava un éclat d'assurance, de contrôle qui fit de lui, non plus un pantin, mais le marionnettiste. Cet éclat mourut, brûlé, calciné, par le regard qu'elle lui lança alors.

« Tu obtiens toujours ce que tu veux, hein ? »

Elle lui avait prouver toutes les fois où il avait fait mine de repousser ses avances, de prendre les devants. Ça ne marchait que si elle l'avait décidé. Ses désirs étaient la condition sine qua non. Combien de fois s'était-elle glissée dans sa chambre, la luxure cousue sur les lèvres ? Et lui, s'il avait l'audace de faire la même chose, comment réagirait-elle ? Lequel des deux étaient le plus dépendant ?

« Tu triches. J'ai pas assez de points de défense. »

N'y tenant plus, il plongea à nouveau sur sa bouche. Lèvres contre lèvres, il se vengea en s'aventura dans son dos, au creux de son bassin. Mais ça n'était pas assez. Au lieu d'étancher quelque peu sa soif, il l'agrandissait encore.

Il était intéressant de voir de quelle manière la dépendance d’un autre être humain pouvait être vécue d’une manière complètement différente d’une personne à une, en fonction des personnalités et des expériences vécues dans le passé. Ainsi, si le besoin d’Elle semblait rendre Cain aussi conciliant qu’un jeune enfant fasse à sa mère, cela se manifestait chez la blondinette en une sorte de domination presque exacerbée qu’elle exerçait de manière tout à fait consciente sur le pauvre geek. Mais ne pensez pas non plus qu’elle était un monstre aux pulsions seulement sexuelles et avec des idées de tortionnaires avec le jeune homme en permanence. Non, il lui arrivait de se laisser aller quelques fois à lui dévoiler d’autres facettes de sa personnalité comme cette douceur pour le moins si délicate, cette féminité si particulière, ce petit coté effrontée de jeune fille de bonne famille. D’une certaine manière, Cain pouvait se vanter de la connaître bien mieux que beaucoup de personnes l’entourant. Et dans un sens, même si elle ne se livrait pas consciemment à lui, se mettant ainsi une fois de plus une marche au-dessus de lui sur l’escalier, lui rappelant ainsi que c’était elle qui décidait de tout, le simple fait qu’elle consente à baisser un tant soit peu sa garde avec lui prouvait qu’elle s’était attachait à lui bien plus qu’elle ne l’aurait voulu. En somme en langage nerd, on pouvait dire que le geek était entrain de réussir à pirater son programme personnel et qu’il était en bonne voie d’en posséder les divers mots de passe.
Il la retint par le poignet, la faisant se retourner presque violemment, alors qu’elle en lâchait son yaourt qui tomba sur le sol en même temps que la sacoche de son ainé, une longue trainée rose venant colorer le sol derrière elle. Mais aussi étrange que cela pouvait paraître, elle ne semblait pas le moins du monde surprise par ce revirement de situation. Pire, alors que Cain la regardait comme le maitre le ferait avec son esclave, un sourire plus que victorieux et affirmé vint arrondir la courbe de ses lèvres alors qu'elle posait ses yeux impétueux, insolents et fiers sur lui, comme l'animal qui ne peut être dompté. Elle avait gagné. Et visiblement, à en juger par la mine que son visage venait d’adopter, il l’avait lui aussi compris. Mimer le départ pour réveiller l’instinct de survie. Enfin, plutôt celui du mâle dominant dans son cas.

Elle - « Qui sait, hein... »

Oh oui, Elle obtenait toujours satisfaction, cela faisait partie de ses attributions. Têtue et maligne comme elle l’était, ainsi qu’excellente comédienne, il n’était pas difficile pour elle de parvenir à ses fins. Surtout qu’elle commençait à savoir lire entre les lignes de Cain quoi que dans son cas on ne pouvait pas vraiment dire comme un livre ouvert mais plutôt comme un écran de pc allumé.
C’était une bonne question. Comment Elle réagirait, voilà tout un mystère dont elle-même n’avait probablement pas encore en main les clefs nécessaires pour répondre. C’était comme s’ils dansaient un tango dans le noir sans pouvoir voir où ils mettaient les pieds et les éventuels autres danseurs.

Elle - «Je sais et j'assume totalement. Je plaide coupable. Mais ne t‘inquiètes pas, ca ne sera pas si… désagréable pour toi. »

Suivre Cain dans ses délires de geek ? Pourquoi pas, après tout, son langage ne le rendait que plus mignon car totalement à coté de la plaque. Elle répondit avec la même audace que lui à son baiser pour le moins fougueux, presque impatient alors qu’elle repassait cette fois-ci ses deux mains sous son haut pour retoucher - enfin ! - la peau du jeune homme du bout de ses doigts fins et s’appliquer à dessiner sur celle-ci des arabesques plus suaves, plus incitatives et sensuelles les unes que les autres. Elle aimait ca. Et elle voulait plus. Tellement plus. Elle le voulait lui. Là, maintenant tout de suite. Comme quoi, lui aussi arrivait à lui faire complètement perdre pieds, bien qu’elle ne l’aurait jamais admis de vive voix. Se collant une nouvelle fois contre lui - poitrine contre torse, bassin contre bassin, une jambe entre les siennes - elle ne cessait de sentir une chaleur croitre en elle et venir embraser chaque millimètre carré de son corps, comme incendie que l‘on aurait allumé.
Et nul doute que c’était la même chose pour le jeune homme…

Contrairement à lui, elle savait comment s'y prendre. Elle l'avait toujours su. Pourtant ses prédispositions pour les parades ne pouvaient pas être innées. Sachant cela, une question s'imposait: où avait-elle appris tout ça ? La réponse lui importait peu. Ou plutôt, il s'était convaincu de son inutilité. La grandeur de sa curiosité était bien dérisoire à comparer de son désir de possession. Aveugle et heureux plutôt que éclairé et maussade, tel était son choix. L'interrogation lui brûlait pourtant les lèvres toutes les fois où Elle, de sa démarche gracile et chaloupée, s'avançait vers lui. Mais cette Vénus-ci savait détourner son attention. Là encore, quand elle s'insinua sur la chair de son dos, enchevêtra son corps au sien, il crut perdre raison. Qu'était-elle ? Rien de plus qu'Aphrodite. Respirer. Il avait presque oublier ce mécanisme. Elle était à portée de lèvres. Il l'embrassa d'un regard, répandant son haleine chaude sur la commissure de sa bouche. L'instant se suspendit. Le temps était capricieux avec eux. A les voir, on ne pouvait que retenir son souffle, imaginer la suite et pousser un gémissement d'envie pour les hâter de poursuivre. Or, vous l'ignorez peut être mais tout le plaisir réside dans ces premiers instants où, muets les deux amants s'embrasent et se calcinent silencieusement. Si leurs mains s'égarent ce n'est que superflu et luxure. Et puis, tout s'accélère.

« Viens. »

Il ne l'aurait pas dit plus sèchement si c'était la colère qui l'animait et non la passion. Caïn l'entraîna dans le placard à balais qu'il venait de repérer. Sitôt qu'elle eut à son tour franchit son seuil, il referma la porte et se pressa contre elle. Quelques affaires tombèrent devant la brusquerie de cette assaut. Les premiers baisers étaient passionnés, à présent, ils n'étaient rien de plus que gourmands, ardents et frénétiques. Sa bouche exerçait sur la sienne une pression exaltée, bouillonnante. Il y mettait tant de zèle que ses gaucheries lui étaient toutes pardonnées. Dans cette exaltation, il retira lui-même son T-shirt qui rejoignit les balais tombés à ses pieds. Sa bouche glissa dans son cou et s'attardait sur cette faille typiquement féminine laissée par l'absence d'une pomme d'Adam. Déjà, sa peau luisait, transpirante d'excitation et d'émotion. Dans son dos, il dégrafa son soutien-gorge et -pour une fois- il céda sans mal. Ravi, il suspendit ses baisers et, front contre front, esquissa un sourire satisfait.

« Je viens d'atteindre le level 11 je crois. »

Il y en a effet des vérités qu’il ne faut mieux pas connaître pour ne pas en ressortir peiné d’une telle manière que la blessure béante laissée sur notre cœur ne pourrait en être pansée si facilement, laissant derrière elle une douleur douce-amère. Nul doute que s’il le connaissait, Caïn aurait beaucoup de mal à supporter le passé de la jeune femme. Car si elle était une déesse à ses yeux, elle n’en avait pas à de nombreuses reprises commis d’innombrables péchés et notamment dans le domaine de la chair. Son innocence s’était depuis longtemps évanouie dans les draps de soies des hommes qu’elle avait un jour côtoyaient et elle n’avait rien de l’ange qu’il pensait très certainement qu’elle était. Pourtant, à ses cotés et malgré cette relation plus que malsaine qu’ils entretenaient, elle retrouvait d’une certaine manière cette pureté qui lui avait fait si cruellement défaut toutes ces années d’égarement. C’était une sensation nouvelle qu’elle ressentait à ses cotés, quelque chose qu’elle n’aurait jamais cru connaître. Si elle était son Aphrodite, il était sans contexte son Apollon version Geek. Caïn était beau. Vraiment. Pas une de ces beautés superficielles que l’on voyait dans les magazines et devant lesquelles les jeunes femmes se pâmaient. Non, il avait l’aspect de l’innocence non bafouée par l’homme, du doux soleil de printemps qui de ses pâles rayons vous réchauffe le cœur, de l’océan dans lequel vous pouvez perdre votre regard. Il était semblable à cette éternité que l’être humain avait perdu et que Elle retrouvait avec une certaine satisfaction teintée d’égoïsme et de possessivité à ses cotés. Car si la belle blonde n’était pas prête à s’afficher officiellement avec lui, elle l’était encore moins à céder son exclusivité. Caïn lui appartenait. Certains auraient pu dire qu’elle le considérait comme un objet mais une fois de plus, la masse commune aurait fait une erreur de jugement, ce qui en soit ne serait pas une nouveauté. Elle était juste maladive à l’idée que les personnes auxquelles elle tenait puissent lui filer entre les doigts. Et avec ses sourires maladroits, ses gaucheries digne d’un enfant et contre la volonté même de la Beauty, le jeune homme avait réussi à percer de sa flèche malicieuse le cœur pourtant bien protégé de la blondinette.

Sa voix s’était faite autoritaire, comme le mari qui exigeait de sa femme qu’elle se soumette à sa volonté. Et aussi étrange que cela puisse paraitre de la part d’une jeune femme aussi indépendante qu’Elle qui par bien des aspects était semblable à ce vent que l’on ne peut saisir, elle le suivit presque docilement dans ce placard à l’abri des regards trop curieux, le laissant agir avec l’empressement de la passion. Lèvres contre lèvres, corps contre corps, cœur contre cœur ? Allez savoir. Une chose est sûre, s’il en avait conscience, il serait probablement l’homme le plus comblé que de savoir qu’il était le seul détenteur du regard pour le moins enflammé et pour le moins sauvage qu’elle lui lançait, les lèvres encore gonflées et rouges des baisers qu’ils venaient d’échanger alors qu’il collait son front contre le sien. Il avait de si beau yeux. Bleu comme le ciel. Bleu comme la liberté. Bleu comme l’éternité.

Elle - « Alors laisse moi te donner un petit aperçu du level 12 »

Lui souriant malicieusement, elle lui déroba un baiser pour le moins endiablé, presque fiévreux alors qu’elle laissait ses lèvres dériver sur sa joue pour commencer une descente pour le moins vertigineuses alors que du bout des doigts, elle caressait les hanches du Geek, prenant un soin tout particulier à passer sur son pantalon et sur cette zone si sensible chez l’homme alors que de sa bouche, elle s’enivrait de la saveur de la peau de Caïn. D’abord le goût de son cou, puis celui de sa gorge. Celui plus prononcé de son torse puis de son ventre, la jeune fille s’amusant à souffler doucement sur la trace humide que son passage avait laissé autour du nombril du jeune homme alors qu’elle arrivait enfin à l’objet tant convoité par ses désirs. Alors qu’elle avait subtilement détachée la ceinture de son pantalon, elle remonta son visage pour le regarder, un sourire gourmand et coquin flottant sur ses lèvres alors que sans le quitter des yeux, elle s’approchait de la fermeture éclair de son jean, qu’elle prit d’un air joueur entre ses dents. Or brûlant contre Océan déchainé. Son regard accroché au sien, elle commença lentement - presque trop, histoire de le faire languir pour plus - et lascivement à faire descendre celle-ci. Ils avaient beau être dans un placard, cela n’empêchait pas la température de croître et si ce n’était pas de plaisir qu’ils mourraient, ca serait surement de cette chaleur qui semblait s’être emparée d’eux que les plus expérimentés d‘entre nous nommaient sous l‘appellation «  désir »…

L'importance de Elle à ses yeux n'était pas mesurable. Néanmoins, on pouvait la comparer à d'autres. Ainsi, Elle aurait la priorité sur ses parties de WoW. Il aurait préféré économiser un peu d'argent pour lui offrir quelque chose, plutôt que d'acquérir le tout dernier ordinateur. Ce qui revanche l'empêchait de changer, le retenait, c'était cette distance qu'elle mettait entre eux. Il sentait bien qu'à chaque fois qu'il faisait un pas en avant vers elle, elle reculait d'un demi pas. L'écart se réduisait mais lentement. Très lentement. Trop lentement pour quelqu'un d'aussi impatient. Si pour le moment il n'envisageait pas l'abandon, il y avait fort à parier que l'opportunité serait envisagée d'ici quelques mois.

Ses lèvres se pincèrent alors qu'elle dévoilait ses jambes. Son équilibre mental fut menacé. Quand son pantalon atteignit ses chevilles, il termina de le retirer lui-même. Des premiers exercices, il avait retiré quelques leçons sur les sous-vêtements. D'un, il ne mettait plus de vulgaire culotte en coton avec les initiales de WoW. De deux, il avait refait sa garde-robe de boxer en tout genre. Il avait gagné en masculinité et immédiatement confié ce secret aux autres geeks.
Pour rétablir l'équilibre, il l'aida à enlever son T-Shirt en ouvrant de grands yeux excités, enfantins. Car dans ce domaine, voilà ce que Caïn était: un enfant. Son sourire ne pouvait pas le trahir. La bouche d'Elle était devenue son obsession. Derechef, il la rejoignit. Les seins chauds contre son torse était une sensation délicieuse dans ses veines. La main dans son dos pressa le corps de Elle un peu plus en avant puis, glissa sur son bassin, entre le tissu recouvrant ses jambes et leur douce peau et enfin sur une de ses fesses bombées. Pour seul bruit, on n'entendait plus que leur souffle hâtif et irrégulier. La transpiration avait fini d'emmêler ses cheveux dont certaines mèches venaient se plaquer contre son front et sur sa nuque. Dans un élan d'envie, il déboutonna son jean. Il savait où le trouver. Prévoyante, elle en avait toujours. Ses doigts plongèrent dans une de ses poches arrières et saisirent le préservatif qu'elle contenait.